Les deux promesses simultanées de Tsipras de la fin de l’austérité en Grèce et celles du maintien dans la zone euro n’étaient pas compatibles.
Pourquoi ?
C’est assez technique et cela mérite d’être expliqué. Ce n’est pas à moi d’avoir le mérite d’avoir expliqué cela en premier vous vous en doutiez bien, mais je commence un peu à piger le truc. Avant l’euro, les différentes économies qui sont maintenant dans la zone euro divergeaient, elles n’ont jamais été synchronisées en rythme d’inflation, de productivité du travail, de progression des salaires, elles étaient différentes en terme de répartition des secteurs d’activité, de pyramide des âges, etc.
L’euro n’y a rien changé, les différentes économies continuent à diverger, seulement un taux de change unique existe, une monnaie unique existe entre ces économies différentes. L’ajustement des différences de l’efficacité économique ne peut plus se faire par les différents taux de change entre les monnaies. Avant la monnaie unique une réévaluation de la monnaie avait lieu si la productivité d’un pays avait nettement plus augmentée que celle des principales économies avec lesquelles il étaient en relation, cela par exemple a été le cas du [size=9]Deutsche Mark[/size] plusieurs fois ou bien une dévaluation dans le cas contraire.
Alors une fois les différents taux de change supprimés que reste-t-il pour ajuster les différences économiques ?
C’est possible :
— Premièrement soit par le déplacement des travailleurs et des moyens de production des zones les moins productives vers celles les plus productives.
— Deuxièmement soit par des transferts financiers massifs et permanents des zones les plus productives vers les zones les moins productives, comme ceux par exemple entre la Région Parisienne et les régions françaises les moins favorisées.
— Troisièmement par les salaires, soit par de la déflation salariale, c’est à dire des baisses du revenu du travail, salaires, pensions de retraite, allocation de chômage etc. dans les régions et pays les moins productifs et par une inflation salariale dans les pays les plus productifs.
La première solution, celle du déplacement des travailleurs et des moyens de production n’est pas praticable à 100 % dans la zone euro en raison des différences linguistiques et culturelles.
La deuxième, celle des transferts, est interdite dans les traités et les pays comme par exemple la Finlande, l’Allemagne souhaitent maintenir inchangé cet aspect des traités européens.
Les deux premières solutions, n’étant pas viables, la zone euro pratique donc une partie seulement de la troisième solution, uniquement celle de la déflation salariale, puisque la BCE a dans ses statuts de lutter contre l’inflation et donc lutter contre l’inflation salariale.
[b]En résumé, les divergences et les chocs économiques ne sont traités dans la zone euro que par la déflation salariale, c’est à dire l’austérité.
La fin de l’austérité n’est pas possible avec le maintien dans l’euro et le reproche que je ferais à Tsipras, c’est d’avoir semé l’illusion du contraire. [/b]